IDEAS et la conception en 4 questions

IDEAS et la conception en 4 questions

Pour des personnes déjà expertes ou complètement novices, nous avons répondu à 4 questions pour expliquer simplement en quoi l'activité d'IDEAS repose sur la conception innovante.

Dans IDEAS vous parlez de conception innovante, qu’est-ce que cela signifie ?

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Il a un fort enjeu actuellement autour des systèmes agri-alimentaires qui doivent effectuer une transition pour être plus respectueux de l’environnement et des humain·es, aussi bien celles et ceux qui produisent que celles et ceux qui consomment les aliments et autres produits des systèmes agri-alimentaires (matériaux, énergie…). Cette transition appelle un immense besoin d’innovations, aussi bien des innovations techniques (sur les objets eux-mêmes, comme par exemple des mélanges de variétés, des systèmes de culture, des territoires agricoles ou des aliments) et organisationnelles (sur les manières de travailler entre acteurs) que des innovations systémiques (création simultanée de nouveaux produits, technologies, services, ainsi que leurs marchés et leurs usages). Ces innovations peuvent être incrémentales, c’est-à-dire qu’on améliore fortement les objets et/ou organisations qui existe déjà sans les changer fondamentalement (ex : nouvelle variété de blé), ou de rupture, c’est-à-dire qu’on remet en cause jusqu’à l’identité même de l’innovation (ex : appareil domestique qui est en même temps un robot ménager et un autocuiseur).

La conception innovante peut donc se comprendre comme la conception de ces innovations de rupture. Ce que nous savons aussi, c’est que la conception d’innovations nécessite des démarches, méthodes et outils spécifiques. La conception innovante s’appuie sur ces démarches, méthodes et outils spécifiques à la conception d’innovations.

Pourquoi est-ce que la conception innovante nécessite des démarches spécifiques ?

AtelierGiscaro

Pour concevoir des innovations, il faut inventer des choses nouvelles, et pour cela il faut permettre à nos cerveaux de sortir de leurs façons habituelles de penser, d’explorer de nouvelles voies, ce qui est facilité par des méthodes et outils adéquats. Nous sommes notamment convaincus qu’on est plus innovants à plusieurs, et que l’émergence d’idées nouvelles est plus fructueuse si elle est menée collectivement. Travailler à plusieurs facilite également le passage à l’action.

Par exemple, la principale manière de raisonner la fertilisation azotée du blé pose des difficultés de mise en œuvre aux agriculteurs, tout en étant discutable sur le plan des conséquences environnementales de la gestion de l’azote. Nous avons donc réalisé un travail avec des agriculteurs, mais aussi avec les acteurs de la filière (institut technique, chambres d’agriculture, coopératives, politiques publiques…) en nous appuyant sur des outils spécifiques, ici un diagnostic des usages, des ateliers de conception et un test d’usage de prototype. Ce sont ces outils, en interaction forte avec les futurs utilisateurs, qui ont permis d’atteindre le résultat souhaité : une méthode de fertilisation azotée adaptée aux besoins et contraintes des agriculteurs et de l’environnement (lien thèse Clémence Ravier).

Vous travaillez donc directement avec des acteurs socio-économiques (agriculteurs, instituts techniques, industriels de l’agro-alimentaire…) ?

Brienon

Nous travaillons directement avec les acteurs socio-économiques, en effet. Ce sont généralement eux qui ont une problématique liée à la conception et qui nous sollicitent pour les accompagner dans la résolution de leur difficulté.

D’ailleurs concevoir n’est pas l’apanage des scientifiques ou des acteurs de la R&D industrielle. Les systèmes agri-alimentaires comprennent de nombreux acteurs qui peuvent contribuer à la conception de nouveaux objets ! Il est parfois nécessaire d’accompagner les acteurs dont concevoir n’est pas l’activité première, et réussir à mettre autour d’une même table cette diversité d’acteurs qui composent les systèmes agri-alimentaires pour les faire travailler ensemble sur la transition et construire quelque chose de concret (innovation, projet de recherche…). Ce travail collectif peut prendre la forme de partage d’idées, de connaissances, d’expérience ou encore d’expérimentations de terrain. Il y a aussi un bénéfice évident à faire interagir les idées nouvelles avec la réalité de terrain : c’est en créant collectivement des innovations qui s’ancrent bien dans la réalité des acteurs, qui leur parlent et peuvent s’insérer dans leurs activités que cela va faciliter leur adoption.

Qu’est-ce que ce type de travaux apporte à la science ?

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Dans l’exemple de la thèse de Clémence Ravier, il a fallu acquérir de nouvelles connaissances sur la fertilisation azotée, ce qui a enrichi les connaissances scientifiques sur le sujet. Ce travail avec les agriculteurs nous a aussi permis de développer une démarche de conception originale qui s’appuie sur des méthodes et outils spécifiquement combinées pour atteindre le résultat souhaité dans ce contexte (ici, une méthode de fertilisation azotée adaptée aux besoins et contraintes des agriculteurs et de l’environnement).

Plus généralement, mieux on comprend les problématiques des acteurs, leurs raisonnements de conception et la façon dont ils s’organisent pour atteindre leurs objectifs, plus on est capable de proposer des démarches, des méthodes, des outils, qui seront pertinents pour eux. D’ailleurs, les démarches multi-acteurs et participatives sont une préoccupation centrale au sein d’IDEAS : nous les analysons, les organisons et les mettons en œuvre pour soutenir la transition des systèmes agri-alimentaires vers plus de durabilité.

Voir aussi

- Les composantes du réseau IDEAS et qui sont ses partenaires : /Le-Reseau

- Les méthodes et outils mobilisés dans IDEAS : /Plateforme-d-appui/Nos-outils

- Des exemples de combinaisons de nos outils dans des démarches concrètes : /Plateforme-d-appui/Accompagner