Potentialités de la reconnexion entre production agricole et transformation alimentaire : Analyse de différents couplages d'innovations dans le système alimentaire bio francilien

De plus en plus d’auteurs soutiennent la nécessité d’innover dans le développement de systèmes agro-alimentaires alternatifs sains et durables. Les processus d’innovation restent néanmoins trop souvent segmentés entre les différents acteurs de la filière, ce qui limite considérablement la mise en place de pratiques alternatives. Plusieurs exemples supportent que la reconnexion des innovations au stade de la conception (appelée couplage d’innovations) peut répondre à ces enjeux actuels. Cependant, on ne dispose que de très peu de connaissance sur cette démarche.

L’objectif de cette étude a été de caractériser et d’évaluer différentes manières de coupler des innovations entre des producteurs et des transformateurs bio franciliens. Finalement, 3 collaborations (soit 7 acteurs enquêtés) ont été étudiées et une synthèse descriptive de chaque collaboration a été établie.

Concernant les résultats de l’analyse, plusieurs couplages d’innovations ont été identifiés. Ils ont fait principalement intervenir des innovations en transformation (organisationnelles, techniques ou marketing) couplées avec des pratiques agricoles innovantes. Ce résultat est majeur car il souligne la nécessité d’innover dans le domaine de la transformation (sur le plan organisationnel et technique) et de la distribution (marketing), si l’on souhaite la mise en place de certaines pratiques agricoles alternatives, et vice versa.

Concernant ses potentialités, le couplage d’innovations s’est avéré stimulant pour les innovations techniques, pour le développement de produits bio locaux inédits et la diversification des activités des acteurs engagés.

Enfin, deux facteurs ont été identifiés comme étant favorables aux couplages d’innovations: un « partenariat de confiance inscrit dans la durée »  et une « relation d’exclusivité » entre les collaborateurs.

Une des principales limites de cette étude réside dans la caractérisation des couplages d’innovations qui s’est avérée assez superficielle (notamment pour la typologie) de par le faible échantillonnage (3 collaborations étudiées). Au vu des résultats obtenus et des différentes limites identifiées, il serait intéressant de continuer cette étude en enquêtant davantage de collaborations et de type d’acteurs (producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs). De cette manière, on devrait parvenir à développer une véritable typologie des couplages d’innovations et à définir leurs conditions de réussite.